Avec la conviction que mettre fin à l’itinérance est un objectif complexe mais réalisable, plusieurs programmes de l’organisme RainCity Housing sont menés par des gens ayant eux-mêmes vécu l’itinérance. De plus, son équipe de gestion des soins intensifs de Surrey et son programme de sensibilisation pour le logement des jeunes LGBT sont entièrement formés de pairs. Ce billet de blogue fait partie de notre série Bonne nouvelle qui souligne le travail exceptionnel accompli pour mettre fin à l’itinérance partout au Canada.
L’objectif de RainCity Housing est « un toit pour tous ». Depuis les trois dernières décennies, l’organisme sans but lucratif basé à Vancouver a fourni de l’aide communautaire, de la gestion de cas, de l’hébergement et du soutien aux personnes en situation d’itinérance.
Avec un cadre fondé sur les droits, l’approche Logement d’abord, le leadership par les pairs et la conviction que mettre fin à l’itinérance est un objectif complexe mais réalisable, plusieurs des programmes de l’organisme sont menés par des gens avec diverses expériences vécues. Son équipe de gestion des soins intensifs de Surrey et son programme de sensibilisation pour le logement des jeunes LGBT sont également entièrement constitués de pairs.
Jolanta Krysinski, responsable de l’équipe de gestion de cas intensif, travaille avec quatre employés centrés sur l’approche Logement d’abord. Chacun d’entre eux possède une expérience de l’itinérance. Ils s’occupent de 35 dossiers, qui augmenteront bientôt à 50 maintenant qu’ils ont reçu l’approbation du financement pour une autre année. « C’est très novateur », dit-elle à propos de son équipe menée par des pairs.
« C’est une avenue qui nous permet de renforcer la relation et la connexion avec nos participants et d’améliorer leur cheminement vers le rétablissement – et ce rétablissement est à la portée de tous », ajoute-t-elle.
Jolanta est aussi formatrice en logement d’abord pour le programme de Formation et assistance technique de l’ACMFI.
« Il n’y a pas d’équipe équivalente en Amérique du Nord, dit-elle. Je ne parle pas seulement de ma petite équipe. RainCity déploie aussi beaucoup d’énergie pour assurer le soutien aux pairs qui travaillent pour eux. Je me sens très privilégiée de travailler pour RainCity. » L’organisme a un Département de services aux pairs, qui assure le leadership et le soutien à ses pairs spécialistes. Il facilite aussi les initiatives de travail par les pairs, comme le Service de témoins pairs, les groupes de référence et les groupes de rétablissement dans l’ensemble de l’organisme.
Cette inclusion se reflète dans l’approche Logement d’abord et tous les programmes de RainCity, ajoute Jolanta. Le premier principe du logement d’abord est que « vous n’avez pas à être prêt pour accéder à un logement, c’est un droit humain fondamental ». Le principe oriente tous les objectifs de leurs programmes autour des besoins de leur clientèle. « Il y a tellement de personnes en situation d’itinérance à Vancouver et à Surrey, et d’autres façons de se loger sont toujours assorties de conditions. »
« Mais dans notre façon de voir les choses, ça importe peu si vous consommez des substances ou si vous avez des enjeux de santé mentale. Vous avez toujours le droit de vivre dans la communauté, comme tous ceux qui louent un appartement sur le marché, signent un bail et apprennent à devenir locataires. »
Le modèle innovant mené par les pairs touche aussi le programme de sensibilisation pour le logement des jeunes LGBTQ2S+ selon Mandy Hardwick, qui était la gestionnaire du groupe avant de devenir gestionnaire principale au sein de RainCity. « Tous les membres de cette équipe font partie de la communauté LGBTQ2S+ et ont vécu cette expérience, en plus de l’itinérance et d’enjeux de santé mentale. »
« Sans cela, pour être honnête, je ne crois pas que nous pourrions faire le travail que nous faisons, et je ne crois pas que les jeunes viendraient nous parler », ajoute Mandy, qui s’identifie comme queer, non binaire et qui possède également une expérience vécue.
L’équipe soutient une vingtaine de jeunes, et en a soutenu 40 depuis 2015. Elle a été mise sur pied parce que RainCity n’arrivait pas à rejoindre cette population autrement dans son système de refuges ou dans ses bâtiments. Les jeunes ne « trouvaient pas leur bien-être dans nos systèmes ».
« C’est très difficile pour une jeune personne queer ou trans de franchir la porte et demander des services de santé. Si on les appelle par le mauvais genre, les jeunes vont faire demi-tour et s’en aller », ajoute Mandy. « Ça les place dans une situation horrible, et nous l’avons observé très souvent. »
C’est pourquoi l’équipe soutient les jeunes de plusieurs façons : en les aidant à trouver un toit, à obtenir des soins de santé, ou tout simplement en leur fournissant une personne à qui parler dans un espace sécuritaire.
« On croit fermement à l’approche Logement d’abord, dit Mandy. Le logement sans condition, le choix du client, l’objectif du rétablissement, un soutien individuel axé sur la personne et une intégration sociale et communautaire. »
« Nous croyons sincèrement que lorsqu’une personne se retrouve dans un espace plus sûr, ce qu’on voit, c’est la capacité des gens à s’épanouir. »
L’équipe travaille aussi avec les jeunes, en épluchant Craiglist à la recherche de logement — comme tout le monde — et en facilitant la relation avec le propriétaire. « C’est un processus difficile », affirment les membres de l’équipe. Les jeunes sont pris en charge même après l’obtention de leur majorité, jusqu’à ce qu’un cas soit considéré comme complété. L’équipe accompagne parfois des clients jusqu’à la fin de leur vingtaine. « Ils ont encore besoin de soutien. Ce n’est pas parce qu’ils ont 24 ans qu’ils se sont stabilisés, qu’ils ont trouvé une communauté et qu’ils s’épanouissent. »
« Cela peut prendre plus de cinq ans à un jeune pour intégrer notre environnement, commencer à se rétablir de l’itinérance et s’engager dans une démarche d’affirmation de son genre ou de chirurgie. Et les listes d’attente sont longues. Il y a aussi l’éducation et l’emploi, ou toute autre étape qu’ils identifient comme un but à atteindre », dit Mandy.
Mandy croit qu’il est temps de redonner l’organisme aux jeunes.
« Ces jeunes n’ont pas d’entourage pour les soutenir, et le travail que nous faisons répond à ce besoin, et tente de leur fournir des services et des espaces communautaires dans lesquels ils veulent être. Ensuite, nous nous retirons pour leur permettre de faire leurs propres liens et se sentir en sécurité. »
Apprenez-en plus sur raincityhousing.org. Jetez un coup d’œil aux vidéos de RainCity Housing au sujet du logement d’abord (les liens ci-dessous sont en anglais) :
- Aperçu des principes du Logement d’abord dans la pratique (4 min)
- Principe numéro 1 – Accès immédiat au logement sans condition prérequise (10 min)
- Principe numéro 2 – Choix du consommateur et autodétermination (8 min 30 s)
- Principe numéro 3 – Orientation vers le rétablissement (10 min 30 s)
- Principe numéro 4 – Soutien individuel axé sur la personne (8 min 30 s)
- Principe numéro 5 – Intégration sociale et communautaire (8 min)
- Consultez aussi le Manuel ou le Guide du facilitateur.
Pour plus de ressources, visitez la page Pairs et expérience vécue du site Prêt pour zéro Canada et la page de ressources du Guide sur l’approche logement d’abord au Canada.
Ce billet de blogue fait partie de notre série Bonne nouvelle qui souligne le travail exceptionnel accompli pour mettre fin à l’itinérance partout au Canada.