C’est en s’adaptant aux défis et en continuant à se concentrer sur le logement durant la pandémie que cette communauté Prêt pour Zéro Canada a réussi à réduire sa population de sans-abri de 10 % en quelques mois seulement. Le présent blogue fait partie de notre série Bonne nouvelle qui met en lumière les travaux remarquables accomplis partout au Canada pour mettre fin à l’itinérance.
La ville de Saint John, au Nouveau-Brunswick, a apporté quelques changements ciblés à son système qui ont eu un grand retentissement, y compris une réduction de 10 % du nombre de personnes qui vivent dans l’itinérance chronique.
Depuis que la communauté Prêt pour Zéro Canada a créé sa Liste de noms en 2018, elle a modifié son approche de l’itinérance et a mis l’accent sur l’importance des évaluations et mesures communes, nous dit Michael MacKenzie, le planificateur des systèmes du Conseil du développement humain. Cela a pris un an pour élaborer une liste de noms de qualité.
«Maintenant que nous avons des données de qualité, nous pouvons prioriser les domaines à améliorer au sein du système et apporter des changements mineurs qui peuvent finir par engendrer un grand impact», affirme Michael.
Des données de qualité, des partenariats communautaires et l’amélioration de certaines politiques et pratiques ont également joué un rôle clé dans la réalisation de cette réduction.
«Bien que l’itinérance soit un problème de taille à Saint John comparativement à d’autres grandes collectivités, notre population de sans-abri chroniques est relativement petite», ajoute-t-il. «Le fait d’avoir réussi à atteindre une réduction de 10 % en quelques mois prouve que nous sommes en mesure d’avoir un impact important et que l’élimination totale de l’itinérance chronique est un objectif réalisable.»
Changements et solutions de rechange
Les changements comprenaient l’affectation des ressources dans un poste à plein temps pour la coordination des listes de noms et l’engagement des propriétaires. Durant une période où la collectivité souffre d’un manque de logements abordables, ce nouveau poste a été essentiel pour augmenter l’offre des logements et maintenir des partenariats solides et durables avec les propriétaires et ce, même lorsqu’une location n’aboutit pas.
Les partenariats ont également joué un rôle déterminant dans la réduction de l’itinérance. Plusieurs nouveaux partenaires ont été invités à la table des négociations, ce qui a mené à l’augmentation des soutiens enveloppants.
«Les partenariats autour de la table ont été essentiels pour parvenir à cette réduction», déclare Michael. «Le ministère du Développement social du Nouveau-Brunswick a entièrement adhéré à l’initiative Accès coordonné, en consacrant à la BNL tous les suppléments au loyer et les logements pour sans-abri du Nouveau-Brunswick. Cela nous a permis de fermer les portes latérales et de nous assurer que la collectivité travaille de la manière la plus cohérente possible.
Des conférences de cas régulières ont été mises sur pied afin de pouvoir collaborer à la suppression des obstacles au logement des clients et pour garantir que les individus sont soutenus adéquatement pour qu’ils puissent garder leur logement.
«Étant donné que le système d’accès coordonné est de plus en plus établi dans la collectivité, les agences ont aussi une meilleure compréhension de la liste de noms et de son objectif, y compris qui devrait y être ajouté et de qui ne devrait pas l’être», fait remarquer Michael.
Ce renforcement et cette croissance des partenariats ont été essentiels pour s’adapter à la pandémie en cours.
Malgré la COVID-19
Même si Saint John a connu un léger ralentissement des emménagements au cours de la première vague de la COVID-19, ses programmes de logement et ses organismes de soutien ont continué à être centrés sur le logement et ils ont su loger plus de gens que la moyenne en août et en octobre, ce qui leur a permis de faire baisser le nombre de sans-abri chroniques, explique Michael.
«Comme ça a été le cas dans toutes les collectivités, la COVID-19 a eu un impact sur notre travail et a augmenté le niveau de stress général (des fournisseurs de services et des clients)», nous dit-il. «Heureusement, jusqu’à présent, nous avons évité la propagation de la COVID parmi la population des sans-abri et nos incroyables prestataires de services sont toujours restés axés sur le logement.»
«Bien que nous ayons dû faire face à des difficultés au niveau des relations entre les locataires et les propriétaires (en partie en raison de la suspension de la législation sur les expulsions), d’un autre côté, ces difficultés nous ont également permis d’établir une relation de travail plus étroite et plus productive avec le Tribunal de la location résidentielle, ce qui a été une agréable surprise.»
À la suite de COVID-19 et inspirée par la campagne «Se remettre sur pied ensemble», l’équipe a soumis à la province un plan pour mettre fin à l’itinérance chronique : «Home for Recovery». Ce document souligne le besoin de prioriser la fin de l’itinérance dans le cadre d’un plan de redressement COVID-19.
«Dans ce but, le gouvernement provincial a commencé à élaborer un cadre de travail basé sur les recommandations de Home for Recovery», déclare Michael.
Aller de l’avant
Après avoir enregistré une réduction de 10 % en se concentrant principalement sur les personnes qui quittent l’itinérance, l’équipe de Saint John a recommencé à se concentrer sur les personnes qui figurent sur leur liste de noms et qui vivent l’itinérance chronique. Ils sont actuellement en train de tester l’efficacité de nouveaux programmes de prévention et de détournement, et ils espèrent que cela les conduira à leur objectif de réduction de 50 % en 2021.
«L’équipe de Prêt pour un Zéro Canada nous a offert un soutien phénoménal dès le début», déclare Michael. «La répartition des projets en PDSA (modèle d’amélioration Plan, Do, Study, Act) nous a permis de mesurer, d’analyser et d’améliorer notre processus d’une manière plus intentionnelle.»
Prêt pour Zéro Canada les a également aidés à utiliser leurs données de nouvelles façons, ce qui a permis à l’équipe de Saint John de rendre compte à leur collectivité et de démontrer l’efficacité de leur système, ce qui a mené à un plus grand appui pour l’accès coordonné.
Saint John compte également utiliser ses données afin de démontrer qu’il existe une demande pour la construction de nouveaux logements, tels des logement supervisés pour les personnes dont les cas sont complexes. Au cours des deux dernières années, la liste de noms a su modifier avec succès leur processus d’accès au logement et aux aides, et ils ont récemment commencé à exploiter son potentiel en tant qu’outil de défense des droits.
«Nous sommes heureux de pouvoir utiliser des données de qualité afin d’influencer une stratégie provinciale pour mettre fin à l’itinérance chronique», conclut Michael.