L’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance a comparu devant le comité permanent des Anciens combattants de la Chambre des Communes aujourd’hui et voici ce que nous avions à dire sur la prévention et l’élimination de l’itinérance chez les anciens combattants : c’est réalisable!
Bonjour à tous. Je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui. Je suis heureux de vous parler depuis les terres traditionnelles des peuples de la région du traité numéro 7 dans le sud de l’Alberta. C’est aussi dans la ville de Calgary qu’habite la Nation métisse de l’Alberta de la région III.
Je suis ici aujourd’hui à titre de président directeur général de l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance et je possède de l’expertise en matière de prévention et d’élimination de l’itinérance, ce qui comprend de l’expérience dans le domaine du développement de programmes de logement pour les anciens combattants. J’ai également servi dans les forces armées canadiennes pendant plus de six ans et je suis moi-même un client d’Anciens combattants Canada. Tout cela pour vous dire que je tiens cette question à coeur et que je suis très heureux d’être ici.
J’aimerais vous communiquer deux messages importants.
Premièrement, le problème de l’itinérance chez les anciens combattants peut être facilement résolu. Le nombre d’anciens combattants sans abri au Canada est relativement peu élevé et nous savons déjà ce qui doit être accompli et comment. Nos amis americains ont coupé de moitié l’itinérance chez les anciens combattants au cours des dix dernières années et il y a au moins huit villes étasuniennes qui ont complètement su éliminer l’itinérance chez les anciens combattants. Pour remettre cette réalisation en perspective, à l’heure actuelle, il y a environ 40 000 anciens combattants américains sans abri toute nuit donnée, et en comparaison, l’ensemble des sans-abri canadiens se chiffrent à environ 35 000 toute nuit donnée. Je pense que l’itinérance chez les anciens combattants pourrait être éliminée en trois ans ou moins.
Deuxièmement, nous savons ce que nous devons faire – nous avons en place des réseaux solides d’anciens combattants, une grande expertise au sein des collectivités, des modèles à suivre qui ont fait leurs preuves et nous aurons beaucoup de soutien public – ce qui manque est un leadership et des mesures décisives au niveau fédéral. Nous avons besoin d’un gouvernement fédéral qui est prêt à prendre un engagement envers l’élimination de l’itinérance chez les anciens combattants et qui est disposé à investir les modestes ressources supplémentaires nécessaires pour mener à bien cette tâche. La grande question est de savoir ce que cela prendrait pour mettre fin à l’itinérance chez les anciens combattants au Canada? Voici cinq éléments qui je pense sont essentiels :
Premièrement : la prévention. Nous espérons pouvoir empêcher que les anciens combattants deviennent des sans-abri. En ce moment même, des outils sont mis au point permettant d’évaluer les anciens combattants à risque d’itinérance, et d’excellents travaux sont effectués actuellement aux États-Unis par le docteur Dennis Culhane de l’Université de Pennsylvanie qui est un directeur de recherche du National Center on Homelessness Among Veterans du U.S. Department of Veterans Affairs. Je ne crois pas que l’itinérance soit l’effet du hasard – et je pense que l’itinérance des anciens combattants est prévisible. Si l’on sait qui est à plus grand risque d’itinérance, et si l’on comprend quelle est la trajectoire qui mène les anciens combattants à l’itinérance (ce qui est également prévisible), nous pourrions alors intervenir bien avant que les individus tombent dans l’itinérance.
Deuxièmement : comme on dit dans l’armée, le temps dévoué à la reconnaissance est rarement gaspillé, et la résolution de l’itinérance exige des données personnelles et en temps réel pouvant donner lieu à l’action, sur toutes les personnes qui vivent l’itinérance. Nous ne pouvons pas recueillir les informations nécessaires pour loger les anciens combattants sans abri en les dénombrant de manière anonyme une fois tous les deux ans, ni en collectant les données par le biais d’une poignée d’agences ou d’ACC. Nous devons documenter les noms et les besoins uniques de chaque ancien combattant qui connaît l’itinérance, avoir en place un moyen de partager cette information avec ceux dans la collectivité qui sont capables de les loger et de les soutenir, de surveiller le rendement, de prendre note des fluctuations, d’identifier les problèmes et de répondre en temps réel. Cette approche aux données sur l’itinérance est ancrée dans la nouvelle stratégie en matière d’itinérance Vers un chez-soi du gouvernement qui sera lancée en avril. Jusqu’à présent, il y a 11 villes canadiennes dotées de listes de noms de qualité des sans-abri chroniques et 22 villes qui travaillent dans ce sens.
Troisièmement : il faut payer le loyer. La principale lacune en matière de politique dans notre réponse fédérale à l’itinérance chez les anciens combattants est l’absence d’un programme de supplément au loyer. Nous devrions élaborer de nouvelles allocations au logement pour les anciens combattants administrées par le gouvernement fédéral dans le cadre des nouvelles prestations relatives au logement du Canada, calqué sur les bons du HUD VASH aux États-Unis. Toute personne qui répond à la définition d’un ancien combattant d’ACC – soit tout individu qui a terminé la formation de base et qui a été honorablement libéré – devrait être admissible. Il s’agit là d’un outil de prévention de l’itinérance puissant et d’un moyen efficace et rentable de faire passer les anciens combattants directement de la rue à un logement.
Quatrièmement : il faut utiliser Logement d’abord. Logement d’abord est une approche de lutte contre l’itinérance orientée sur le rétablissement et qui s’efforce de rapidement placer les personnes qui vivent l’itinérance dans des logements indépendants et permanents et de leur fournir des soutiens et services supplémentaires tel que requis. Logement d’abord est une approche fondée sur les données factuelles qui a fait ses preuves auprès des anciens combattans sans abri, et qui est au centre de tout effort réussi de prévention et de réduction de l’itinérance.
Enfin, il faut établir des partenariats avec les systèmes de lutte contre l’itinérance et les organismes offrant des services aux anciens combattants locaux. Je pense qu’ACC devrait s’en tenir à ce qu’ils font de mieux et s’associer aux organismes locaux pour s’acquitter des questions de logement et travailler avec les organismes de services aux anciens combattants et autres afin de fournir des services d’approche et de l’appui. Le gouvernement fédéral a déjà en place l’infrastructure communautaire nécessaire grâce à la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance d’Emploi et Développement social (le nouveau Vers un chez-soi). Il faut utiliser cette infrastructure et la présence au sein de 61 collectivités dans chaque province et territoire. L’élimination de l’itinérance chez les anciens combattants demandera un investissement additionnel dans ces collectivités en ce qui a trait au logement, aux soutiens et à la coordination, mais l’infrastructure existe déjà, ainsi que l’occasion de tirer profit des ressources provinciales et communautaires.
Je vais conclure là où j’ai commencé. Le problème de l’itinérance des anciens combattants au Canada pourrait être facilement résolu. Nous savons ce qui doit être effectué et comment. Nous avons en place des réseaux solides d’anciens combattants, une grande expertise au sein des collectivités, l’infrastructure fédérale nécessaire et des modèles à suivre qui ont fait leurs preuves – le seul ingrédient qui manque est un leadership et des mesures décisives au niveau fédéral.
Nous sommes investis d’une obligation à l’égard de ces hommes et femmes. Il est temps de passer à l’action.